À propos d'Ingrid

Ingrid Bétancourt, Colombienne devenue française par son mariage, est une femme politique qui se présente au élection présidentielle de son pays d'origine en 2002. Malgré les avertissements, elle fait campagne dans la zone où les FARC sont actifs. Courageuse ou inconsciente, elle y est enlevée et détenue dans la jungle. Pendant 6 ans l'intérêt pour sa libération connaîtra des hauts et des bas, on craindra pour sa vie, on la croira mourante ou morte... Puis, ces derniers mois, après un crescendo de suspense hitchcockien où la politique, le show-bizz, les médias, le brave peuple, les barbouzes etc. se retrouverons mêlés, elle finira libérée et bien portante. Grâce à une action armée pour la version officielle et une forte rançon pour beaucoup d'autres.

À quoi tout cela peut-il bien servir ? Les otages se comptent par milliers dans notre monde, et bien peu occupent l'espace comme Ingrid Bétancourt dont le nom exact, au passage, est Ìngrid Bétancourt Pulecio. On omet régulièrement l'accent sur le ''I'' et la suite du nom composé, trop exotiques, Ingrid est une des nôtres, c'est tout ce qu'il faut savoir. D'ailleurs, avec une curieuse familiarité on ne l'appelait plus que par son prénom, elle était la seule Ingrid de France et de la planète, notre soeur, notre mère aussi quand on rapportait que sa fille Mélanie demandait à se qu'on libère ''sa maman''. Tout cette agitation ne faisait pas seulement pleurer dans les chaumières mais aussi augmenter la valeur marchande de Madame Bétancourt Pulecio. Chose qui rendait un assaut plus aléatoire puisque on protège mieux ce qui est précieux et plus onéreux le montant d'une rançon si on décidait d'utiliser ce moyen. Mais peu importe, en cas d'attaque ce sont les militaires colombiens (sûrement fascisant) qui allaient risquer leur peau et pour la rançon le bon peuple français attendri par plusieurs mois de matraquage médiatique serait prêt à tout pour récupérer une de ses membres détenue (par une guérilla marxiste au fait, on l'aurait presque oublié) et rendre une mère à sa fille. La libération venue, ce n'est que déclarations sirupeuses, embrassades avec tout ce que notre paysage politique compte de droit-de-l-hommistes de gauche et de droite, notre président qui était à deux doigts d'enfiler le treillis pour crapahuter dans la jungle humide, se pâmerait presque de bonheur. Madame la rescapée remercie tout le monde, la France généreuse etc. etc. et retourne dans son pays, la Colombie, pour y faire quoi ? Ah oui, y écrire une pièce. Tout ceci est beau comme du bobo.

J'en reviens à ma question : à quoi tout cela peut-il bien servir ? Dans notre société où tout est mélangé, le réel et le virtuel, la politique et le show-bizz, le vrai et le faux... on nous a servi un gigantesque reality-show : on a tremblé, on a espéré, on a été accro et on a fini par souffler quand tout c'est terminé. Les reality-show se terminent toujours bien et peu importe que les coûts de production soient exorbitants, les Français ont oublié un moment le prix du carburant, le chômage, l'insécurité et l'avenir plus qu'incertain. Et si vous n'avez pas pleuré avec tout le monde à cette émission de Sarko Productions vous n'êtes qu'un salaud au coeur de pierre et vous n'avez qu'à vous casser, pauvre con !