En jaune et noir

Je suis dans la file d'attente à la Poste pour envoyer un courrier recommandé. Comme la progression est lente j'en profite pour engager la conversation avec l'agent de sécurité, un homme d'une quarantaine d'année au teint mat typé je ne sais trop quoi, que malgré le masque il me semble reconnaître. C'est bien lui, il a travaillé pendant une dizaine d'année dans un supermarché que je fréquentais de temps en temps. Il me dit avoir décidé de quitter son ancien travail à cause d'un camp de Gitans voisin du commerce dont les habitants occasionnaient des problèmes plusieurs fois par semaine. La queue finit par avancer mettant fin à notre discussion. Un peu plus loin un jeune homme noir est assis en face d'une conseillère, bientôt le ton monte un peu et malgré la distance j’entends des bribes de leur échange. « Ça fait plusieurs fois que vous me faites revenir », « Ça dépend pas de nous mais de votre assistante sociale » « Il n'y a pas que la Banque Postale, vous pouvez aller ailleurs », « Non, Monsieur, nous ne sommes pas racistes, ça n'a aucun rapport avec le racisme. Ça serait la même chose avec n'importe qui ». Le client s'en va et est remplacé par un autre Noir un peu plus âgé qui complimente l'employée sur ses beaux yeux. J'arrive enfin au comptoir et la personne chargée de l'expédition s'occupe de moi. Au-dessus d'elle des affiches vantant les produits de la Poste mettent en scène des métis qui sourient de toutes leurs dents.