La démocratie postmoderne expliquée à mon ficus (2)

Comment faire pour marginaliser quelque chose de façon réellement efficace dans la patrie des Droits de l'Homme? Pas comme on interdit l'usage du cannabis ou l'immigration clandestine, mais de façon imparable et pérenne.

En faisant une loi ? Oui, mais ceux qui la transgresseront pourront toujours prétexter qu'elle est dépassée, inutile, injuste ou immorale pour s'attirer des sympathies.

En la condamnant moralement, justement ? Oui, mais il y en aura toujours qui par attrait pour l'interdit, provocation, penchant malsain ou simple curiosité chercheront à y mettre leur nez, puisque c'est autorisé, et pourraient découvrir que la moralité est vraiment très relative.

Alors ? Eh bien, en utilisant les deux techniques en même temps à la puissance dix : des lois extrêmement sévères couplées à une diabolisation de tous les instants.

Ainsi, si vous enfreignez la législation, vous serez lourdement condamné sans que personne ne vous plaigne puisque la diabolisation aura fait son oeuvre et programmé la population à vous rejeter. Vous ne pourrez pas argumenter sur l'iniquité de la loi ou la disproportion entre le délit et la sanction car vous aurez à faire à une loi acceptée par presque tous, horrifiés par l'immoralité de la faute, propagande aidant.

Mais peut-être pourrez-vous raisonner sur cette fameuse morale, qui comme chacun sait est fluctuante et sujette aux modes ? C'est impossible puisque nous touchons ici à l'incomparable, à l'immuable et à l'absolu . « Est-ce bien sérieux ? » vous risquerez-vous peut-être à demander. Tout à fait, sinon comment expliquez l'existence de lois d'exception aussi sévères en démocratie ; pour que l'on ait été obligé d'en arriver là il faut vraiment que le forfait soit indiscutablement abject.