Urbanités

Ce matin, je partais en toute sérénité au travail dans ma voiture quand devant moi la conductrice d'une Twingo m'indique avec son clignotant qu'elle veut faire un créneau. Je m'arrête donc pour lui permettre de faire la dite manoeuvre. Derrière moi on klaxonne, je jette un oeil dans le rétroviseur et aperçoit un couple de type nord-africain – c'est pour l'exactitude de l'anecdote et non dans un but d'amalgame que je donne cette précision – dont l'homme, au volant, fait de grands gestes. Je lui en fait un aussi pour lui signifier de se calmer. La Twingo garée, je continue mon chemin – en passant à sa hauteur, sa conductrice me gratifie d'un regard peu aimable, croyant sans doute que c'est moi qui ait usé de façon peu courtoise de l'avertisseur sonore. Un peu plus loin, je stoppe à un feu rouge et la voiture du malotru en fait de même sur ma droite. Nous nous regardons avec très peu d'aménité et voilà que l'excité baisse sa vitre et se met à m'invectiver ; je baisse la mienne et tente de lui expliquer qu'il serait peut-être bon de ne pas perdre son calme pour si peu. Il me traite de ''connard'' et me dit de ne pas le regarder comme ça – pourquoi pas de baisser les yeux tant qu'il y est ? Là, j'avoue que je m'énerve un peu et lui tends mon majeur – je sais, c'est bête et vulgaire. Sur ce, il s'irrite de plus belle et je n'ai pas le temps d'en déduire une quelconque explication culturelle ou une prédisposition à l'homophobie chez mon interlocuteur qu'il descend de sa voiture accompagné par les cris aiguës de sa compagne qui essaie de le retenir et vient jusqu'à ma vitre baissée – mes revenus ne me permettent pas d'avoir la climatisation ou un imposant 4x4 ; éléments qui auraient coupé court à cette l'histoire. Donc, arrivé près de moi, il me propose de remontrer mon doigt. Chose que j'aurais volontiers faite – accompagnée si possible d'un tatanage de tronche en règle – si de la main qui ne me tenait pas au col il ne brandissait pas un petit canif. L'instrument est certes de taille mesquine mais son extrémité aiguisée ne me dit rien qui vaille, aussi, devant la disproportion de nos armements je décide de négocier – les points de compression n'étant d'aucune utilité sur une hémorragie jugulaire. Je lui demande de me lâcher et lui fait remarquer de je n'ai pas de couteau. Il continue de me menacer de me ''planter'' si je recommence. Nous répétons les choses quelques instants quand il finit par me lâcher et de retourner à sa voiture tout en me traitant une nouvelle fois de ''connard'' – son vocabulaire ordurier est assez indigent – peut-être du fait de l'impasse de la situation et des autres conducteurs qui commencent à klaxonner et à rouspéter. Le feu passe au vert et nos route se séparent, j'ai à peine le temps de lui lancer un appel à aller se faire f... – je n'en suis pas fier mais ça défoule. J'ai constaté après coup et avec surprise n'avoir pas été réellement effrayé ; la mollesse avec laquelle il m'agrippait le col et ses efforts grotesques pour essayer de me faire peur trahissaient plus un sombre imbécile qu'un dangereux psychopathe... J'aurais eu une kippa sur la tête peut-être aurais-je porté plainte et subséquemment aurais-je eu droit à la visite du couple présidentielle.