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05/06/2016

Le rat est un homme ordinaire

« Un chercheur du laboratoire de biologie de Nancy, Didier Desor, a eu l'idée d'étudier les comportements sociaux de petites populations de rats. Il plaça pour cela six rats dans une cage dont l'unique issue débouchait sur une piscine qu'ils devaient nécessairement traverser pour atteindre leur nourriture. Il eût été logique de penser que les six rats se jetteraient à l'eau, nageraient de conserve et atteindraient ensemble la mangeoire. Il n'en fut rien. Le groupe se scinda en nageurs et non-nageurs. Parmi ces derniers, deux individus tenaient le haut du pavé : lorsque deux des nageurs revenaient avec de la nourriture, ces deux-là les malmenaient, leur enfonçaient la tête sous l'eau jusqu'à ce qu'ils lâchent les vivres. Ce n'est qu'après avoir nourri les deux dominants, les exploiteurs, que les deux dominés, les exploités, pouvaient se permettre à leur tour de consommer leurs croquettes. Les exploiteurs, eux, ne nageaient jamais ; ils se contentaient de rosser les nageurs pour être nourris.

Hors ce couple exploiteurs-exploités, deux rats adoptèrent un autre comportement. L'un, plutôt robuste, nageait et semblait ne point craindre les exploiteurs. L'autre occupait le bas de l'échelle, incapable de nager il n'avait d’autre choix que de se contenter des miettes tombés lors des combats.

Cette expérience fut conduite dans vingt cages avec chaque fois six rats ; chaque fois, la même hiérarchie se mit en place.

Le chercheur plaça ensuite six rats exploiteurs dans la même cage. Il se battirent toute la nuit et, au matin, avaient recréé les mêmes rôles : deux exploiteurs, deux exploités, un souffre-douleur et un autonome.

Puis Didier Desor réunit dans une cage six exploités, dans une autre six autonomes et une troisième six souffre-douleurs. Il obtint de nouveau le même résultat.

Il en conclut qu'il avait réussit à mettre au jour le système hiérarchique existant chez les rats. Quel que soit leur statut initial, une fois que plusieurs rats étaient réunis, on distinguait de nouveau parmi eux des dominants et des dominés, des forts et de faibles.

Puis il effectua une expérience dans une très grande cage contenant deux cents individus. Les combats furent féroces. On retrouva le lendemain matin plusieurs rats morts, le corps déchiqueté, la peau arrachée. Parallèlement, les exploiteurs entretenaient des lieutenants à leurs ordres qui respectaient leur autorité sans qu'ils eussent eux-mêmes besoin de se donner le moindre mal pour terroriser les exploités.

Les chercheurs nancéens poursuivirent leurs expériences en analysant, à partir des sécrétions hormonales des rats, leur niveau de stress. Quelle ne fut pas leur surprise de constater que les plus stressés étaient les exploiteurs ! Sans doute ceux-ci redoutaient-ils de perdre leur statut privilégié, ou plus simplement d'être privés de nourriture en cas de défaillance de leur affidés. »

Jean-Marie Pelt

La raison du plus faible

 

On peut constater, entre autres choses, que :

- Chez des animaux ayant une certaine forme d'intelligence une micro société complexe et inégalitaire se met en place dès qu'on rassemble quelques individus face à une problématique de survie.

- Le statut social de chacun peut varier selon le contexte et n'est pas figé.

- Les dominants sont les plus stressés, ce qui peut participer à accentuer leur férocité intrinsèque.

- La cruauté et le confort des dominants augmentent avec le nombre d'individus.

Bien sûr, il ne s'agit que de rats...