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19/07/2015

Carte blanche (8)

Kino (suite) 

Par kobus van cleef 

pour "le métier des armes"

il faut tout d'abord avoir été confronté à un film d'Olmi , Ermano de son prénom

c'est maintenant un vieil homme , une sorte d'ermite auquel il manquerait la dimension érémitique , puisque dans ses conf' après projection , il a autour de lui pas mal de monde ( par dimension érémitique , j'entendais l'aspect solitaire , sépulcral , de la vie érémitique , par exemple Bélà Tarr vient seul à ses conférences , il n'y a ni sa femme -qui est coactionnaire de sa société - ni Lazlö Kraznahorkai , qui est un auteur et son scénariste attitré , faites moi penser à vous parler de Tarr un jour ou l'autre )

je suis venu à ses films par une oeuvre quasiment de MJC ou d'école publique et cordicole républicaine "l'arbre aux sabots" ( ça aurait fait un beau jeu des deux images , un arbres , une paire de sabots , qui est ce ?) qui dépent bien évidemment la vie des familles agricoles de la plaine du Pô au 19ème , avec malheurs , misère et le reste ( joie , parceque dans les cahiers du kino et dans télérama , y en a que pour la tristesse )

"le métier des armes" pourrait être vu avec le même filtre, les mêmes lunettes

mais on peut y voir aussi , non pas la fin d'un monde , comme il est dit dans les critiques et même lors de la conf' finale , mais l'affrontement entre un mode d'organisation antique et un autre ultra moderne
le mode antique ? l'impérium , l'impérium décrit autour de l'empereur d'Hallemagne , de son armée , de son major général qui se promène avec une corde (dorée) au pommeau de sa selle pour prendre le pape
le mode ultramoderne ? le catholicisme qui n'avait sous la forme que servait Jean des bandes noires ( il avait fait noircir les armures de ses cavaliers pour pouvoir attaquer discrêtos , ces paysages d'italie du nord et de toscane , noyés dans la brume hivernale - tourné en Bulgarie- , ces cavaliers fantomatiques , ces affrontements à peine évoqués dans la pénombre , c'est un film pour contemplatifs comme le dit Pharamon , qui laisse sur le plan esthétique la même impression qu'un Gunther Grass "les années de vie de chien" au moins pour ses premières pages )

le catholicisme n'avait à l'époque atteint sa forme que depuis quelques siècles , c'était vraiment une organisation zosiale avec représentants révérés , collecte fiscale , édifices inviolables , depuis peu de temps ( pensons aux saxons et aux vikings qui , autour de l'an mille continuaient à piller et à rançonner les différents monastères sur leur route )

son extension géographique était aussi toute récente , par extension , j'entend une extension incontestable qui faisait que , d'un bout à l'autre de l'Europe , il était délicat de s'opposer de façon frontale et pour tout dire , étatique , à la religion, ses représentants et le reste

en face , l'empereur d'Hallemagne , héritier non pas d'un empire mais de la notion d'empire , de l'impérium , quelque chose qui même s'il n'existe que sous forme embryonnaire , parcellaire , même s'il est soumis à des approbations , ratifications et discussions sans fins ( la diète d'Augsbourg) reste incontestable

il y a un empereur en Hallemagne , point final

il y a un pape , qui conteste la prééminence de l'empereur , il risque de finir au bout d'une corde , même s'il habite à Rome , Rome c'est l'héritage de l'empire romain et ça revient à l'empereur , point final

au milieu de ces deux logiques de pouvoir , un homme , le connétable Jean de Médicis , pris entre sa femme et sa maîtresse , qu'il aime toutes deux à sa façon ( clin d'oeil aux hommes infidèles coincés entre le marteau et l'enclume , pauvres bougres bientôt ou déjà proies des avocats de mâame légitime ...ami Bruno , ami Pascal , vous valez mieux que ces querelles sordides ), dans l'inconfort d'une campagne hivernale ( fait froid et il pleut et neige l'hiver en Italie ), emmerdé par des histoires d'intendance et de pognon ( pas fastoche de garder des mercenaires lorsque le pape n'envoie pas la solde)

et conscient de sa fin

fin programmée par l'arrivée de l'artillerie

fin programmée par la défection de ses alliés

fin déjà inscrite dans son début , comment en effet se battre pour la chrétienté , en sachant qu'elle enseigne non pas ce monde mais le monde d'après ?

d'autant que le pape , le papounet , est un peu pingre , et ne lui adresse aucuns subsides pour défrayer ses mercenaires

cet homme , Jean de Médicis , il me fait penser à Rommel , Erwin Rommel , lorsqu'il a reçu la mission de défendre la forteresse France

voué à l'échec , un marin ( car la guerre du désert est une guerre de marin , logistique , oasis , tempetes de sable , immensités hostiles , y a d'autres analogies.....) , cantonné dans une casemate !