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01/04/2015

Démocratie

La démocratie, cette imposture intellectuelle. 

Pour tout esprit impartial, la démocratie vient de confirmer son statut : celui d'imposture intellectuelle. Dans la palette des belles escroqueries qu'est capable de concevoir l'ingéniosité de l'esprit humain, elle est à ranger parmi celles qui rencontrent le plus de succès dans la société contemporaine, depuis que le libéralisme philosophique a triomphé. 

La raison de sa bonne fortune est simple à saisir : comme les "guerres humanitaires", à l'image de la "chasse aux nazis", elle repose sur un bon sentiment savamment entretenu par l'unanimité des corps intermédiaires, de l'École aux Médias - en l'occurrence, dans son cas, celui de la participation directe de tous les citoyens au Bien commun. Or son résultat pratique ne consiste pas dans la défense du peuple ni dans la recherche des intérêts du pays mais dans la pérennité de la caste dirigeante qui a édicté les règles du jeu, règles qu'elle transforme sans pitié lorsqu'elles se révèlent à son désavantage. 

À dates régulières, un clou chasse l'autre, un clown chasse l'autre, un parti dit de droite remplace ainsi un parti dit de gauche. Le changement proposé est pure illusion : "Un pas sur le côté, un pas de l'autre côté, rouli-rouli, rouli-roula", comme le dit la comptine. 

Quoique séparés sur des détails, les partis sont d'accord sur l'essentiel : la défense de l'idéologie droitdelhommiste et de semblables intérêts particuliers - sans quoi ces partis sont écartés de la piste aux étoiles, bye, bye. L'enseigne change, la boutique reste la même. On se partage le tiroir-caisse derrière le rideau de fer baissé. 

Sous couvert de mots ronflants, on assiste à une alternance qui ne s'accomplit qu'au sein de l'élite. Ce roulement illusoire permet à la démocratie d'être perçue par l'opinion comme légitime. Croyant s'être exprimé librement, le peuple continue d'agir comme si le contrat social était respecté. Par réflexe conditionné, mais aussi paresse et peur, il se tient à carreau, entre deux manifestations de colère. Tant qu'il y a du beurre, tout le monde fait plus ou moins semblant de croire à la mascarade. En attendant quoi ? En attendant rien. Ou plutôt si : en attendant la prochaine fausse alternance. 

Le sacrifice quotidien des militants sincères des divers partis, la vie politique toute entière tendue vers les urnes, la pensée braquée à la façon d'un tournesol sur les prochaines élections conçues comme ultime utopie : le temps social est kidnappé par un système qui ne s'assigne que des objectifs secondaires qui rappellent les guerres menées pour des galettes de froment opposant Picrochole à Grandgousier et à Gargantua dans l'oeuvre de Rabelais. 

Ceux qui sont satisfaits que le FN s'implante localement et grignote du terrain perdent de vue l'essentiel au bénéfice de l'accessoire. Aux élections, comme en sport, on gagne ou on perd en dépit de la performance. C'est le résultat (et le résultat final seul) qui compte, n'en déplaise à Coubertin. 

Malgré ses reniements, le FN n'a pas gagné. À quoi servait ses reniements ? À remporter quelques sièges ? Heureux les simples d'esprit qui s'en satisfont. À entretenir l'idée que "le changement est pour demain" ? Une telle idée dure depuis qu'existe la démocratie. L'expérience prouve qu'on ne fait pas de mutation radicale avec la démocratie mais contre elle ou sans elle. Les gaullistes eux-mêmes devraient en convenir : le 18-Juin n'est pas une affaire démocrate et le retour au pouvoir du Général en 1958 ne s'est pas réalisé par les urnes. 

C'est la leçon que devraient en tirer tous ceux qui vivent dans l'espoir que la présidentielle de 2017 va changer leur vie. "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes." (Bossuet) 

Paul-Éric Blanrue

Source : Le Clan des Vénitiens (lundi 30 mars 2015)