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Un peu de poésie

 

 

Delfica

 

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,

Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,

Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,

Cette chanson d'amour... qui toujours recommence !

 

Reconnais-tu le Temple, au péristyle immense,

Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents ?

Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,

Où du dragon vaincu dort l'antique semence.

 

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !

Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;

La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

 

Cependant la sibylle au visage latin

Est endormie encor sous l'arc de Constantin :

- Et rien n'a dérangé le sévère portique.

 

Gérard de NERVAL

 

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Quelques poèmes...

Petit village

Petit village au bord des bois,
Petit village au bord des plaines,
Parmi les pommiers, non loin des grands chênes,
Lorsque j'aperçois
Le coq et la croix
De ton clocher d'ardoises grises,
De ton clocher fin,
A travers ormes et sapins,
D'étranges musiques me grisent ;
Je vois des yeux dans le soir étoilé :
Là je suis né...
Petit village au bord des champs,
Petit village entre les haies,
Tour à tour paré de fleurs et de baies,
Lorsque les doux chants
De ton frais printemps,
Quand l'odeur de tes violettes,
De tes blancs muguets
Pénètrent mon cœur inquiet,
J'oublie et tumulte et tempêtes ;
J'entends des voix dans le soir parfumé :
Là j'ai aimé...
Petit village aux courtils verts,
Petit village de silence,
Où la cloche sonne un vieil air de France,
J'aime les éclairs
De tes cieux couverts,
Ton soleil fin entre les arbres,
Les feux de tes nuits,
L'œil fixe et profond de tes puits,
Ton doux cimetière sans marbres,
Plein d'oiseaux fous et luisant comme pré :
Là je viendrai...

Phileas Lebesque

oOo

Sieste

Deux heures après dîner
Il est temps de se reposer
Ni mouvement aucun bruit
Deux heures après midi
Un chien prudent vient inspecter
La terrasse du café
Tout est fermé à la mairie
Item à la gendarmerie
Dans le vide de l'église
Le Crucifix agonise
Le jet d'eau chez le notaire
Suit son rêve protocolaire
Mais la chambre silencieuse
Dégage une odeur ombreuse
De feuillage et de lilas
De cire et de chocolat
Dans la corbeille à ouvrage
Le livre abandonné surnage
Et l’œil sous le long cil éteint
Tenant sa main avec sa main
Insensible à travers le store
Au rayon qui la colore
Sommeille dans le demi soleil
Une jeune fille vermeille.

Paul Claudel

oOo

Nocturne

Un long bras timbré d’or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les fleurs et les feuilles se pressent et s’entendent.
J’ai vu l’orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l’étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel du ciel qui réjouit l’horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.
D’autres viendront s’asseoir sur la chaise de fer.
D’autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l’ont tant aimée.

Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d’étrangers longera la rue grise.
Les voix
D’autres voix chanteront, d’autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu’un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu’il nous avait promis.

Léon-Paul Fargue

oOo

Delfica

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ? ...

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.

Gérard de Nerval

oOo

Les Conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

José-Marìa De Heredia

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